Double destinée

Double Destinée
Forum RPG | Avatar 200*400 | Tout public
-55%
Le deal à ne pas rater :
Coffret d’outils – STANLEY – STMT0-74101 – 38 pièces – ...
21.99 € 49.04 €
Voir le deal

    Entre ourson et chaton || PV Jasper L. Espérance

    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    Mal…
    Mon ventre me fait mal…
    Je ne sais pas depuis combien de temps je marche.
    Quand je regarde le soleil, j’ai l’impression qu’il n’a pas bougé. Il est haut dans le ciel comme la dernière fois que je l’ai regardé.
    J’entends des bruits.
    Peur…
    Parfois il y a des animaux qui viennent vers moi. Comment s’appellent-ils déjà ? Ils sont blanc et roux. Ils sont beaux, mais ils me font peur. Une fois, je me suis fait mordre à l’épaule. Ca me fait encore mal où j’ai la trace.

    Un autre bruit.
    C’est mon ventre.
    Il n’y a rien sous les arbres aujourd’hui. Et il n’y a pas d’eau avec des poissons.
    Pas loin il y a des maisons.
    J’entends encore des bruits d’animaux. Ils sont à côté des maisons.
    Je ne peux pas aller dans celles-là. Trop dangereux. Alors, je contourne les maisons pour aller vers une autre.
    Elle est toute seule et grande.
    Comment je passe pour y aller ? Faire le tour ? Ou traverser quand même ?
    Je réfléchis longtemps.
    Les bruits d’animaux se sont arrêtés.
    J’avance vers la première maison. Celle que j’aurais préféré éviter.
    Tout est calm-...

    “OUAF !!”

    Je cours.
    Les bruits continuent derrière moi et se rapprochent.
    Puis ils s’arrêtent.
    Je me cache derrière des petits arbres avec beaucoup de feuilles. Il ne peut plus me voir.
    J’attends de ne plus rien entendre. Et même après encore un peu parce que je ne veux pas être nez à nez avec l’animal.
    Il n’est plus là. J’en suis sûr maintenant. Alors, je vais vers la maison que je veux voir.
    Elle est grande ! Mais…. Pourquoi elle est coupée en deux ? Je ne comprends pas trop.

    Pas grave !

    Je vais vers la maison et, surtout, vers la poubelle que je vois. Elle a l’air vide, mais peut-être que je vais trouver quelque chose de bien dedans. Je l’ouvre et je cherche dedans.
    Il n’y a vraiment pas beaucoup de choses. Je dois aller jusqu’au fond et ça fait beaucoup de bruit. Alors, je n’entends pas ce qui se passe autour de moi. Je n’entends pas. Mais je sens qu’on me prend par derrière.
    Je me débats en criant.
    Des cris sans parler.
    Les gens parlent autour de moi.
    Je ne comprends pas trop.
    Je n’entends pas beaucoup à cause de mes cris.
    Je veux partir !
    Je veux qu’on me lâche !
    Je veux me cacher !
    Jeudi 7 Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville




    Je ne sais pas quand je m’étais assoupis dans la cuisine, une main toujours sur la page que j’étais en train de lire et la nuque penché douloureusement vers l’arrière avec le poids ne ma tête penchant dans le vide. Je le regrettais bien vite lors de mon réveille en sursaut, grimaçant à me frottant la nuque endolorie, un mal de tête pointant bien vite le bout de son nez.
    Je foudroyais le vide devant moi du regard comme s’il était responsable de cela, me demandant qu’elle était l’animal idiot qui faisait un tel vacarme et m’avais réveillé. Pour une fois que je ne faisais pas de cauchemars… enfin, ils seraient sûrement venus à un moment où un autre… pensais-je amèrement.

    Un bruit métallique me fit sursauter de nouveau et je soupirais, cherchant la table des mains pour m’aider à me relever et ainsi pouvoir la contourner sans me la prendre – ni elle, ni la chaise par ailleurs. Me concentrant, je marchais « a l’aveugle » jusqu’à ce que ma main ne touche le montant de la porte et je soupirais de soulagement. Ce matin, je ne me la prendrais donc pas dans le visage.
    Enfin le matin… tout était relatif puisque je n’avais aucun moyen de savoir l’heure, la pendule n’ayant pas été remonté depuis… depuis plusieurs mois maintenant et au vu du bruit qu’elle faisait, je trouvais cela très bien ainsi.

    Je longeais le mur jusqu’à la porte d’entrée, ayant parfaitement mémorisé la configuration des lieux pour éviter de me perdre dans le lieu où j’habitais – ce serait assez stupide –  et ouvrait celle-ci, me demandant pourquoi ça s’était mis à « hurler » à présent.
    Hurler, crier ou à faire des bruits étranges que je parvenais mal à identifier.

    C’est quoi ce bordel ? Demandais-je en grognant à moitié.

    Vu le vacarme, si c’était vraiment un animal, cela aurait forcément rameuté le peu de personne vivant près de chez moi aussi, je n’aurais pas l’air totalement stupide en parlant au vide. Sauf si nous étions assez tard pour que tout le monde soit aux champs ou parti autre part…
    Je préférais croire qu’il y avait effectivement du monde bien que mon ouïe ai cru entendre quelques mots avant que je n’ouvre la porte.

    Ah, Jasper ! Tu tombes bien !

    Comment dire que je m’attends au pire ? Il est en train d’égorger quelque chose sur le pas de ma porte ou quoi ? Ça fait un bruit monstre ce truc…
    C’est maintenant que je suis sur le pas de ma porte que je perçois d’autre voix et donc qui indique qu’il doit y avoir deux ou trois personnes devant chez moi. Leur « bonjour » retentissent, semblant amusé si je m’en tiens à leur ton de voix et je fais une grimace boudeuse.

    Bonjour… grognais-je de nouveau à moitié, me massant la nuque de nouveau.
    J’ai trouvé un chaton tout roux en train de fouiller dans ta poubelle ! Il est un peu blessé mais je suis certain que tu pourra t’en occuper !
    Hein ?
    On doit partir là, tiens !

    Je sens un « truc » qu’on me fourre dans les bras de force, me faisant reculer et heurter le petit meuble à droite de l’entrée. La secousse suffit pour bouger suffisamment la boîte à musique qui se trouve dessus, tombant ainsi sur le sol et diffusant sa « douce «  – putain de – mélodie alors qu’on claque ma porte.
    De toute évidence, ce que j’ai actuellement à moitié dans les bras n’a absolument pas la taille d’un chaton… plutôt celle d’un gosse… d’un adolescent peut-être ? Je ne sais pas trop, c’est petit en tous cas mais extrêmement fin… trop fin et je fais une grimace avant de soupirer. Sérieusement, j’avais déjà bien du mal à m’occuper de moi, comment voulaient-il que je gère un gosse affamé ? Leur but étaient de nous tuer tout les deux où quoi ? Moi qui voulait trouver une solution pénard pour me sortir de ce « merdier » dans lequel j’étais depuis que je ne voyais pas.

    Si tu veux manger, il va falloir m’aider… annonçais-je d’une voix basse et grave, espérant qu’il – ou elle – était toujours dans le coin puisque je ne le sentais plus dans mes bras.

    Si je parlais seul dans l’entrée et qu’il était partie vadrouiller je ne sais où dans la maison, ça allait mal finir pour les oreilles de tout le monde. En tous cas, je n’avais pas entendu de porte claquer donc il était toujours dans la maison… et il était silencieux – ou pied nu ? – s’il était monté à l’étage sans que je n’entende ses pas dans les escaliers.

    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946
    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    Allez-vous-en !
    Lâchez-moi !
    Laissez-moi !

    Mais personne ne me comprend.
    Ils parlent entre eux.
    Et même avec la personne qui sort de la grande maison.
    On avance.
    Je veux pas !
    Lâchez-moi !!

    Je veux sortir !!
    La porte se ferme.
    Elle claque !
    Fermée.
    Aucune petite ouverture pour l’ouvrir avec mes doigts !
    Je cherche encore.
    Il doit y en avoir une !
    Même une petite !
    Ou alors sur le mur !
    Quelque chose !

    Un bruit.
    Il est long et doux. Clairs et mélodieux.
    J’aime beaucoup ce que j’entends, alors je m’arrête. Je me tourne un peu pour chercher d’où ça vient et, après ça, je ne bouge plus. Je veux écouter ce que j’entends tout le temps, sans autre bruit.
    Je vois que la personne qui est avec moi se lève, mais ce n’est pas grave parce que je peux écouter quand même. Jusqu’à ce que…
    Mais non !!!
    Le bruit que j’aime !!!

    Il fait quoi ?
    Je ne veux pas rester ici !
    Pas d’ouverture ici…
    Je vois un escalier.
    Je cours.
    Monte.
    Cherche une ouverture.
    Pas là.
    Pas là non plus.
    Là !!
    Je vais dans la pièce.
    Je ferme la porte comme elle était.
    Un bureau.
    Je vais en dessous.
    Je ne bouge plus.
    Je respire fort.

    Il fait bon ici…
    Je me calme doucement et regarde un peu en écoutant les bruits qui se passent autour de moi. Beaucoup sont dehors. Et autour de moi, il y a plein de feuilles blanches.

    Je fais quoi maintenant ?
    Jeudi 7 Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville



    M’étant redressé, je ne restais pas bien longtemps inactif et choisi d’aller fermer cette maudite boîte à musique maintenant que j’avais averti mon hôte forcé. Pas que je n’aimais pas le son en réalité mais j’avais déjà mal à la tête alors, il était inutile d’en mettre un peu plus encore.
    Me penchant en avant à l’aveuglette mais guidé par la mélodie, je n’eus pas à tâtonner longtemps pour mettre la main dessus et fermer le couvercle tout en la prenant dans mes mains. A peine deux seconde après, j’entendis des bruits de pas, comme si l’on courrait, léger mais disparaissant dans l’étage, me poussant un énorme soupire. Cela allait véritablement m’agacer.

    Allant dans la cuisine en suivant le mur de ma main libre, je fronçais les sourcils, mon regard aveugle perdu dans le vide alors que je me concentrais pour ne rien heurter. Echec critique puisque je me pieds le pieds de la table dans les orteils, me tirant un juron peu agréable mais aussi peu sonore, ayant grogné à moitié.
    Soufflant de douleur et de colère contenue, je posais un peu sèchement la boîte à musique sur la table de la cuisine. Bon… qu’allais-je faire maintenant ? Je n’allais pas lui courir après dans toute la maison…

    Soupirant, je cherchais la chaise avant de m’y asseoir précautionneusement dessus, lançant un « regard » noir à qui voulait bien le recevoir parmi les meubles et autres livres présent. C’est passablement agacé que je réajustais l’une des longue manche de mon tee-shirt – noir mais je ne pouvais pas le savoir – à manche longue sur mon épaule, celle-ci tombant tout le temps puisqu’il m’allait trop grand, tout en réfléchissant à la situation. Un gamin (vu la taille) avait été retrouvé fouillant dans ma poubelle… il était maigre de ce que j’avais pu sentir et donc devait avoir faim, il était blessé d’après les dires de mon voisin et il était roux, toujours d’après la même personne. Si on enlevé les infos inutiles puisque le fait qu’il soit roux m’importait peux, il y avait deux choses à régler : la faim et les blessures. Vu qu’il fallait être idiot pour confier un grand blessé à un aveugle (oui, malgré ma mauvaise foi, je savais qu’ils étaient au courant même si je faisait semblant de rien), je devinais donc qu’il s’agissait de blessures légères plus ou moins multiples mais non grave. Je soupirais, tant qu’il ne mourrait pas dans un coin de la maison, j’imaginais que je pouvais faire avec…
    Restait le second point : le repas. Cela faisait un moment que je n’avais rien cuisiné… pour ne pas dire depuis le milieu de la guerre et je ne m’étais pas lancé dans l’entreprise depuis que j’étais seul avec ce maudit voile blanc devant les yeux. Je ne réchauffais rien non plus, m’étant habitué au café et au lait froid… la nourriture était déjà chaude quand on me l’apportait et après… je mangeais le reste froid, ou ne mangeait rien. Ah…

    Putain, a quel moment ils ont cru que je pouvais m’occuper d’un chaton ? Grognais-je clairement agacé, irrité et passablement énervé.

    Je soufflais de nouveau, me pinçant l’arrête du nez avant de me lever, me dirigeant vers le frigo. Bon, il devait rester du lait… J’en versais dans un bol, tentant de faire le moins de dégât possible – comme toujours – et de m’avancer vers la table. Pourtant, je doutais que l’appeler suffirait à le faire venir au vu de comment il avait fui… pourquoi il n’avait pas fuis tout de suite d’ailleurs ?
    « Distraitement » je posais le bol sur la boîte en voulant viser la table et haussais un sourcil. Il avait fui quand j’avais récupéré la boîte à musique… non ? Hum… pff… ça ne pouvait pas être ça, il avait juste été choqué, vu comment il criait. Et si…

    Bah, au point où j’en suis…

    Je soupirais, posant le bol sur la table cette fois avant d’ouvrir la boîte à musique. Le son m’agaçait déjà mais soit, si ça m’évitait d’avoir un inconnu je ne savais où dans la maison. Puis, précautionneusement, je fis le tour de la table pour retrouver ma chaise, cherchant ensuite mon livre pour reprendre ma lecture là où je m’étais arrêté. Je n’arriverais pas à me concentrer avec le son à côté de moi mais bon, je n’allais pas rester les bras ballant dans le vide à ne rien faire en attendant que « chaton » veuille bien montrer le bout de ses moustaches.
    S'il ne venait pas dans l'heure - oui, j'étais patient malgré tout - je balançais cette boîte de malheur dans le mur.

    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946
    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    J’entends des bruits en plus de ceux de dehors.
    Je sursaute.
    Puis, plus rien.
    Comme si tout s’était arrêté.
    J’attends pour voir.
    Rien.
    Doucement, je me détends.

    Je ne sais pas où je suis.
    Mais je peux voir beaucoup de papiers qui traînent, de livres et une chaise près de moi. Je suis sous un bureau. Enfin, j’imagine que s’en est un. Il est en bois et l’espace dessous est petit. Un peu comme une grotte.
    Je regarde un peu là où j’ai mal. J’ai plein de bleus et de coupures. Toutes n’ont pas saigné. Mais il y en a d’autres qui sont plus grandes. Même sur mes mains.
    Ca pique.
    Moins que mon œil droit, mais ça pique quand même.
    Je frotte encore mon œil et je soulève mon maillot. Là aussi j’ai plein de coupures et aussi des brûlures. Je vois sans chercher des endroits où j’ai été blessé en même temps que mon œil. Il y en a une que je n’aime pas parce qu’elle fait un liquide bizarre et elle me fait aussi très, très mal.

    Je regarde par la fenêtre. Le soleil est encore haut.
    J’entends quelque chose.
    Tout d’un coup.
    Je connais ça, je crois.
    J’écoute…
    Oh ! C’est le bruit d’avant, je crois !
    Je veux écouter.
    Mais pas ici parce que je n’entends pas bien.

    Je me lève doucement.
    Dans la pièce il y a vraiment beaucoup de livres.
    Mais maintenant que je le sais, je vais vers la porte.
    J’ouvre tout doucement et je regarde.
    Personne.
    Je sors la tête et regarde à droite et à gauche…
    Personne.
    Je sors complètement et ferme la porte comme elle était.
    Je vais vers les escaliers.
    Je regarde.
    Personne.
    Je descends marche par marche en faisant le moins de bruit que je peux.
    Je ne veux pas que la personne dans la maison entende.
    Je vais vers le bruit que j’aime.
    Elle est dans une pièce.
    Dans la pièce, il y a le monsieur.
    Il ne faut pas qu’il me voit.
    Je me cache derrière la porte.
    J’écoute le bruit.
    Je l’aime beaucoup.

    Un autre bruit.
    Mon ventre.
    Ca fait mal !
    J’ai faim.
    J’ai rien mangé…
    Rien trouvé…
    Je regarde dans la pièce tout doucement.
    Je l’ai entendu.
    Et j’entends une chaise qui racle le sol.
    Il fait quoi ?
    Il est debout !
    Je fais quoi ?!
    Il parle.
    Je suis pas sûr de comprendre…
    Il dit quoi ?
    Il cherche dans les placards.
    J’ai peur…
    Le bruit que j’aime est là. Il continue.
    Mais lui va faire quoi ?
    Je surveille.
    Je suis prêt à fuir s’il s’approche.
    Je ne bouge pas.
    Jeudi 7 Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville



    Comme prévu, je n’arrive pas à me concentrer sous les mots qui se dessine sous mes doigts et pourtant, je continue de garder mon regard posé vers le livre. Pourquoi le faire alors que je ne vois pas ? L’habitude déjà et puis, si on viens de l’extérieur sans me connaître, si on n’est pas au fait de cela, on pourrait ainsi croire pendant un moment que je lis en suivant les mots des doigts pour ne pas me perdre. Cela m’irait parfaitement comme cela.
    Ma concentration s’arrête sur la mélodie puis, sur chaque pas que mes oreilles pourraient capté. Des froissement, des bruits léger, lourd, peut importait, j’étais attentif à tout les bruits qui ne serait pas habituel dans le calme de ma maison. Des sons qui trahirait la présence de cet inconnu chez moi… et avec un peu de chance, le fait qu’il revienne par ici. Je ne voulais pas que la journée passe sans que je ne sache où il pouvait bien se trouver. Parce qu’il était sensé être affamé et blessé certes, mais parce que je ne le connaissais pas aussi. Je n’avais pas non plus le souvenir qu’il ait prononcé le moindre mot… seulement des cris, plutôt aigus d’ailleurs. Je soupirais, sentant les difficultés à venir et tout ce qui risquait d’aller avec.

    A quel moment pouvait-on croire réellement que je pouvais m’occuper d’une autre personne ?

    J’entends un petit bruit feutré, son que je n’aurais pas entendu si je n’étais pas autant à l’écoute. Si je ne faisais pas autant attention à la moindre petite chose depuis que j’avais perdu la vu également. Pas grand-chose, j’aurais cru avoir rêvé si je n’avais pas entendu un nouveau bruit, contre la porte de la cuisine cette fois, comme si on l’avais bougé. Le « chaton » était-il donc là ? Était-ce lui qui était descendu ? Une chose était certaine, je n’avais toujours pas entendu le bruit de la porte d’entrée.
    Je soupirais légèrement, inaudible pour quelqu’un n’ayant pas l’habitude de m’entendre faire sans cesse.

    J’entends un autre bruit, celui-ci est parfaitement reconnaissable par contre. C’est le bruit d’un ventre qui grogne. Je soupire donc, encore une fois, avant de me lever. Je regrette un cours instant de ne pas avoir ma canne avec moi puisque je suis obligé d’aller à tâtons vers les placards, ouvrant un du haut bien au hasard.

    Comme je te l’ai dit, il va falloir que tu m’aides si tu veux manger… lançais-je sur un ton assez blasé.

    Est-ce qu’il m’entends au moins ? S’il était sourd, j’aurais l’air fin… comme je n’entends pas de réponse… peut-être me comprends t-il pas ?
    Je met enfin la main sur un paquet, de pâte si j’en juge la forme, et le pose sur le plan de travail le plus doucement possible. Je me retourne ensuite, appuyant mes fesses contre le plan derrière avec le regard perdu dans le vide vers ce que j’espère être la porte. Sans bouger de l’endroit où je suis, je tends la main – vers lui j’espère – comme si je tentait d’apprivoiser un chaton sauvage.

    Tu ne crains rien… Je ne peux pas te voir alors, je ne peux pas te faire de mal, m’appliquais-je à articuler avec calme et douceur.

    Douceur toute relative me connaissant mais au moins à voix basse, à peine plus forte que la musique de la boîte pour qu’il puisse m’entendre tout de même.

    Le bol de lait, sur la table… c’est pour toi.

    J’espérais au moins qu’il finisse par me répondre… quoique j’espérais aussi tout simplement qu’il soit encore là. D’ailleurs, où était-il ? Et s’il avait contourné la table pour se rapprocher sans que je ne l’entende ?
    Je me raidissais légèrement… avant de soupirer et de fermer les yeux. Pour mieux me concentrer sur les bruits alentours certes, mais aussi pour me calmer. Mon voisin ne me l’aurais pas confié s’il estimait qu’il y avait un risque… non ? Et s’il s’était trompé ? Mais le « chaton » était parti se cacher tout à l’heure alors… peut-être mais il pouvait ouvrir la porte à tout moment pour s’enfuir alors, pourquoi ne l’avait-il pas fait ? Et comme un idiot, je lui avait fait part de ma faiblesse sans pouvoir évaluer la situation… mais quel idiot ! Et si…

    Stop.
    On respire.
    Tout va bien.
    Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter ici… un petit village calme…
    Ma main était encore tendu devant moi sans que je n’y fasse vraiment attention et l’autre… je remarquais à quel point elle me faisait mal que maintenant que je recommençais à me calmer, alors que j’avais serré un peu trop violemment le bord du plan de travail derrière moi. J’avais mal… donc j’étais vivant et si je l’étais alors, c’est que tout allait bien.

    Pour le moment.

    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946
    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    Oh non...
    Il se lève…
    Il a dû m’entendre, entendre mon ventre faire du bruit comme à chaque fois que j’ai trop faim.
    Que va-t-il faire ?
    Pourquoi il touche tout ce qu’il y a autour de lui ?
    A quoi ça sert ?
    Où va-t-il ?
    Pas vers moi…
    Je vous en prie…
    Pas vers moi…

    Il a contourné la table.
    Maintenant, il va vers les blocs en bois dans lesquels on range des trucs.
    Encore une fois, il touche tout.
    Avec de petits gestes.
    Il cherche, mais pas avec ses yeux.
    Comme s’il faisait noir, je crois…
    Ou qu’il fermait les yeux.
    Je fais pareil quand je ne vois pas.
    Mais ses yeux sont ouverts, pourtant…
    Pourquoi il ne voit pas s’il a les yeux ouverts ?
    Pourquoi… ?

    Il sort quelque chose du bloc creux qu’il a ouvert.
    Je crois que je me souviens un peu de cette forme.
    C’est quoi déjà ?
    Je ne me rappelle plus du nom…
    Mais je sais que c’est bon.
    J’ai faim…
    Mon ventre fait encore du bruit.
    Je ne veux pas !
    Alors, je le tiens comme pour l’empêcher de faire trop de bruit.
    Peut-être qu’il ne sait pas où je suis.
    Je veux qu’il ne sait pas.
    Mais comme il me parle, je sais qu’il sait que je suis là.
    Je me cache encore un peu.
    Je ne comprends pas ce qu’il dit.
    Mais je vois qu’il pose le paquet de trucs bons sur un bloc.
    Je fixe les trucs bons.

    Un mouvement.
    Je vois qu’il se met dos au bloc.
    Je ne comprends pas pourquoi il fait ça.
    Ça n'a pas de sens.
    Et il tend une main.
    Il y a quelque chose dedans ?
    Je veux voir.
    Mais je veux pas m’approcher.
    Sa voix, je l’entends encore.
    Moins forte.
    Plus lente.
    J’arrive mieux à comprendre c’est quoi les mots.
    Je me concentre.
    Le sens…
    Je ferme les yeux un peu et me répète dans la tête en bougeant mes lèvres ce qu’il a dit.
    “crains rien”... crains, donc craindre qui veut dire que… euh… danger ? Et rien pour dire non, je crois. Donc… Pas danger ? Je crois que c’est ça…
    Après, “pas…” ? Lui pas voir donc pas mal à moi ? C’est ça qu’il dit ?
    Avec la musique j’ai un peu de mal, mais j’arrive quand même à comprendre un peu mieux qu’avant. J’arrive mieux à détacher les mots et comprendre un peu ce qu’il me dit.
    Il dit quelque chose d’autre.
    Lait ?!
    Du lait ?!
    Je veux le lait !!
    Il est où ?
    Il a dit…
    Ah ! La table !
    Je regarde la table et je vois le bol.
    Je tire ma tête comme pour sentir même si je peux pas faire.
    Je regarde celui qui a parlé et qui tend toujours la main.
    Il bouge pas.

    Doucement…
    Tout doucement…
    Je me lève et j’entre dans la pièce.
    Je regarde le bol et celui qui me le donne.
    J’attrape le bol dès que je peux.
    Je bois le lait.
    Vite !
    Mmh… Trop bon…
    Mais ce n’est pas assez.
    Je me lèche les lèvres et je m’approche de lui qui n’a pas bougé.
    Je regarde un peu sa main en restant un peu loin de lui.
    Il ne bouge pas.
    Je pose le bol dans sa main et je le lâche tout de suite pour prendre le paquet avec les trucs bons qu’il a mit sur le cube avant.
    Je vais dans un coin.
    J’ouvre le paquet et je prends un truc bon.
    C’est dur.
    C’est toujours dur comme ça ?
    C’est bizarre…
    Pas grave !
    Je mets dans ma bouche et je croque comme je peux.
    C’est vraiment dur…

    - Mmh…!

    Je fais un bruit alors que je suis pas content.
    C’est pas bon…
    Je sors le truc de ma bouche et je le regarde. C’est tout petit et vraiment dur.
    Je fronce les sourcils quand je regarde.
    Et je remets dans ma bouche et je croque vraiment.
    Ça fait beaucoup de bruit.
    Mais je croque quand même.
    Après j’avale.
    C’est pas comme je me souviens…
    Je continue de manger ou pas ?
    Je me demande beaucoup en regardant les autres qui sont dans le paquet.
    Jeudi 7 Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville



    L’objet froid qui atterrit dans ma main me fait sursauter et je manque de le faire tomber dans la foulée alors que je n’avais pas entendu de bruits de pas avancer vers moi. Cela eut le mérite de me ressaisir rapidement et j’entendis le bruit de froissement de l’emballage de pâtes.
    Je soupire en entendant, cette fois, les bruits de pas s’éloigner loin de moi et donc de la cuisinière à mes côtés. Sans rien dire, je restais attentif tout en tâtonnant pour mettre le bol dans l’évier, me demandant vraiment comment j’allais réussir à me débrouiller. Au moins, il s’était approché… parce que j’avais parlé moins fort ? Plus doucement ? Il n’était pas sourd alors… a moins qu’il ai finit par voir le bol de lait et croire que je tendais la main pour récupérer le bol ? Hum… je préférais crois qu’il n’était pas sourd et m’avait compris. Beaucoup moins compliqué à appréhender.

    J’entends croquer et soupire, me calant contre l’évier cette fois pour « regarder » en direction du bruit que j’entendais. Visiblement, il n’avait pas comprit quand j’avais dit qu’il fallait le cuire avant… enfin, ce n’était pas dangereux crus… simplement pas bon.

    Mmh…!

    Nouveau soupire.
    Avais-je déjà signalé que me le confier était une idée stupide ?

    Il faut les cuisiner… les cuire…  avant de les manger… repris-je en articulant comme précédemment. Ce sera meilleur et ça évitera que tu ai mal aux dents ou au ventre.

    Me retournant sans attendre de réponse – s’il me comprenait, c’était déjà bien – je cherchais cette fois dans les placards du bas, avec un peu plus de difficultés, afin de trouver une casserole assez grande, celle à disposition étant bien trop petite pour un repas pour deux.
    Une fois satisfait de ma trouvaille, je la remplis d’eau, trempant ma manche au passage – qui était encore tombée – dans un soupire. Une fois l’eau coupée et ma manche essorée et remontée, ce fut l’amusement du jour qui commença. Comment allumer le bon feu ? Contrairement à l’eau, je ne pouvais pas mettre ma main dedans pour vérifier… Joseph m’avait bien mis des repère mais avais-je retenu lesquels ? Tout une histoire.

    La casserole mise sur la plaque de cuisson, j’observais les repères… avec une moue boudeuse alors que je captais un morceau de braille en bas des boutons. Il avait vraiment tout prévu pour que je me débrouille et moi, je ne le voyais que maintenant…
    C’est un peu absent que je tournais le bouton…

    Est-ce que tu peux me dire si le feu est allumé ? S’il est bien sous la casserole aussi ? Demandais-je comme précédemment.

    Je me sortais de devant pour qu’il puisse le voir tout en fronçant les sourcils, concentré. C’est qu’il ne fallait pas que je l’allume à moitié et ne fasse sortir que le gaz…

    Quand l’eau fera des bulles, tu pourra y mettre les pâtes du sachet… rajoutais-je avant qu’il n’eut l’idée de les y mettre tout de suite.

    Je devais avoir aussi de la tomate et du fromage qui traînait dans les environs… pour la viande, on verrait plus tard… de toute façon, j’étais près à parier qu’une de mes « charmante » voisine allait nous apporter à manger lorsque ce sera le moment.
    Une nouvelle fois, la pensée me fit soupirer.

    Est-ce que… tu as mal autre part ? Est-ce que tu es blessé ?

    Je me répétais un peu mais si nous avions un problème de compréhension, je me disais qu’un mot pouvait à compléter un autre s’il ne comprenait pas totalement.
    Avait-il vécut la guerre lui aussi ? Est-ce que c’était pour cela qu’il était comme ça ? Est-ce que je pourrais réellement l’aider si c’était le cas ?

    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946
    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    Est-ce que je mange une autre pâte ?
    J’ai pas envie de quelque chose de dur à croquer…
    Mais j’ai trop faim…
    Je prends une pâte qui est comme la première que j’ai mangée.
    Je la regarde beaucoup.
    Mes yeux ne se ferment pas.
    Elle va devenir molle comme ça ?

    Je sursaute.
    J’ai entendu que celui qui est dans la pièce avec moi a fait quelque chose.
    Je tourne vite la tête pour le regarder.
    Il me regarde.
    Je suis sûr qu’il me regarde !
    Et il parle.
    Doucement encore, alors je peux essayer de comprendre ses mots.
    “faut”... “Il faut”... alors, c’est… faire ? Et aussi, “cuire”... Faire cuire ?
    Je penche un peu la tête sur le côté.
    Je crois que je comprends un peu quand il dit “avant manger”.
    Je regarde la pâte que j’ai dans la main en étant pas content.
    C’est chiant…
    Mais si c’est…
    Comment il a dit déjà ?
    “Mieux” ?

    Ah non, “meilleur”.
    Voilà.
    Si c’est meilleur, je peux faire un peu, je crois.

    Je regarde le monsieur.
    Il me tourne le dos.
    Il cherche un truc dans la boîte en haut.
    Il sort d’abord un petit bol avec un manche, mais il le prend pas.
    C’est un grand bol qu’il veut.
    Il met de l’eau dans le bol.
    Je regarde bien ce qu’il fait pour comprendre pourquoi il fait ça.
    Doucement, je me mets debout en regardant toujours.
    Et maintenant il met le grand bol plein d’eau sur une planche trop bizarre.
    Mais pas que…
    Je m’approche parce que je vois pas trop ce qu’il fait.
    Il a fini avant que j’arrive près…
    Je sais parce qu’il demande un truc à moi.
    “feu” ? J’aime pas le feu…
    Je pose le paquet à côté en le gardant dans mes deux mains.
    Je regarde le paquet très fort.
    Je tourne les yeux sur la planche bizarre.

    - Pas feu…

    Ma gorge fait mal.
    Ma voix est trop bizarre.
    Et pas forte en plus.
    J’aime pas ça.

    Je regarde pas le monsieur.
    Pas envie de voir ce qu’il peut penser.
    Surtout quand il soupire.
    Mais je regarde quand il demande si j’ai mal.
    Je comprends bien ça.
    Doucement mais bien.
    Est-ce que je dois lui dire ?
    Est-ce que je peux ?
    Il va faire quoi ?

    Je fais un signe de tête.
    Il ne dit rien.
    Il ne fait rien.
    Rien vers moi.
    Il voit vraiment pas ?
    C’est vraiment vrai ?
    Je me demande…

    - Mal… Ouais…

    Ma voix est encore pas bien !
    Ça m'énerve !
    Je veux plus parler.
    Je réfléchis un peu.
    Je sais pas trop quoi faire
    Il voit pas il m’a dit.
    Parfois je crois qu’il sait voir.
    Mais il regarde avec les mains aussi je crois.
    Il faut que je montre avec ses mains ?

    Non !
    Il me touche pas !
    Je veux pas !
    S’il vient vers moi, je cours.
    Ouais, je vais faire ça.
    Jeudi 7 Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville



    « Pas feu »… génial… j’ai allumé le gaz sans feu…
    Je soupire et me retourne, tournant les boutons de nouveau pour « éteindre ». Bon… j’ai du louper un truc… il avait dit quoi déjà, excepté de tourner le bouton… hum… je soupire une nouvelle fois, fermant les yeux pour chercher dans mes pensées. Tiens d’ailleurs, il a parlé… et plus qu’un simple bruit cette fois donc il m’a vraiment comprit. C’est vraiment une chose rassurante pour la suite.
    Ah oui, l’allume gaz… je suppose qu’il doit être dans le coin alors, je tâtonne tout autour avant de trouver un bouton supplémentaire sur le côté avec sa petite étiquette en braille en dessous.Je tourne le bouton de nouveau avant d’utiliser l’allume gaz. Premier essai vain mais le second fait entendre un léger bruit, comme un voile qui se déploie.

    Et maintenant ? Il y a le feu ?

    J’espère bien que oui car dans le cas contraire, j’abandonnerai l’affaire puisqu’il ne semblait pas capable de le faire.
    Je me tournais de nouveau vers lui, demandant s’il avait mal quelque part.

    Mal… Ouais…

    Je reste silencieux un court instant, me demandant comment j’allais faire dans la mesure où il avait tendance à fuir. Tripoter une personne que je ne connais pas pour essayer de « voir », ne me donnait pas spécialement envie non plus.
    Je retiens un énième soupir qui menaçait de franchir mes lèvres.

    D’accord… comme tu as du mal à parler, je te propose de te montrer sur moi… et tu me dit oui ou non… et si c’est beaucoup ou pas. Je n’aurais pas à te toucher comme ça.

    J’attendais un petit moment pour qu’il puisse tout comprendre ce que je lui expliquais, sachant que s’il pouvait me répondre pour me le dire ce serait mieux. Enfin, chaque chose en son temps… j’allais faire doucement.
    Je posais donc une main sur le sommet de ma tête dans un premier temps.

    Tête ?

    J’attendais la réponse, la notant pour faire un inventaire mentale avant de continuer la même chose pour chaque partie du visage, les oreilles, le cou, la nuque, plusieurs endroits du torses et du dos, puis plusieurs éléments des jambes également. Je prenais le soin de les nommer en plus de les montrer pour qu’il puisse me ressortir possiblement le mot plus tard si jamais il devait y avoir un problème. Cela prendrait du temps mais il fallait bien commencer par quelque part… même si je ne savais pas exactement jusqu’où ça me mènerait et combien de temps cela durerait.

    D’accord… commençais-je en fronçant les sourcils sous la concentration. Pour là où tu m’a dit avoir beaucoup mal… est-ce que… il y a du sang ? Hum… un liquide rouge.. ou un liquide blanc qui sort de ta blessure ?

    J’étais parti du principe que ce n’était que des blessures externe… comme il était affamé et semblait avoir été « perdu » pendant un moment. Je pouvais toujours me tromper mais dans un sens, s’il s’agissait d’un autre type de blessure, je ne pourrais absolument rien y faire.
    J’entendis le bruit de l’eau et attendait qu’il finisse de parler pour montrer la casserole près de moi, me décalant par la même occasion.

    Est-ce que tu peux vider le sachet de pâtes dedans ? Je vais chercher de quoi te soigner…

    Me tenant aux murs, je quittais la cuisine sur ses mots pour me diriger avec lenteur et précaution vers la salle de bain. Est-ce qu’il serait en mesure de se soigner ? Je ne voyais pas très bien comment lui expliquer cela… je ne pourrais pas non plus le faire moi-même s’il ne me laissait pas approcher et ne me guidait pas. Mon voisin l’ayant « jeté » chez moi, je doutais également qu’il puisse l’approcher de nouveau pour m’aider à le soigner…
    Je soupirais, prenant la trousse où tout ce trouvait – tout été toujours dans la grande trousse médicale de mon mentor qu’il gardait toujours complète – puis je redescendais avec patience et prudence, mon fardeau en main. Une fois dans la cuisine, je posais la trousse sur la table un peu lourdement, prenant soin d’éviter la boîte à musique qui jouait toujours. D’ailleurs, c’est quand que je pourrais l’arrêter celle-là ? J’avais peur pour le moment qu’il s’enfuit si je le faisais.

    Hum… tu es toujours là ? J’allais supposer que oui…de toute manière, je ne sais pas comment faire pour te soigner… est-ce que tu peux le faire tout seul ? Je veux bien t’aider mais si ce doit être le cas, il faudrait que tu me guide… j’ouvrais la trousse, dévoilant donc son contenu. Tu as tout ce qu’il faut là-dedans.

    Je m’éloignais de la table, faisant le tour tout en gardant une main sur le meuble avant d’aller vers l’endroit où se trouvait la cuisinière. Maintenant, il allait falloir que je mette la main sur la passoire et réussisse à vider l’eau sans me brûler ou en mettre partout.
    Je soupirais.

    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946
    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    Je regarde.
    Je surveille.
    J’attends.
    Je tremble.
    Je guette.

    Il ne fait rien….
    Pas même parler.
    J’entends le feu qui a été allumé, et je vois qu’il ne bouge pas.
    Le silence est dur.
    Il arrête de laisser le silence.
    Encore une fois, il parle et je peux comprendre, je crois.
    Il y a plein de mots que je connais.
    Des mots que j’avais oubliés.
    Des mots que je peux dire quand il me montre et dit un endroit sur le corps.
    Il ne me touche pas.
    Il ne s’approche pas.
    Tout va bien….
    Je montre que je veux bien en faisant juste un bruit parce que je sais pas s’il veut que je parle avant ou pas :

    - Mmh...

    Je dis oui et un peu pour la tête, les yeux et un peu partout sur le corps.
    Mais il y a des endroits où je dois réfléchir.
    Je ne suis pas sûr.
    Parfois c’est oui, et parfois non.
    Mais de toute façon c’est un peu.
    Tout petit.
    Il y a juste le ventre où c’est beaucoup.
    L’oeil c’est beaucoup mais… j’ai pas “mal”.
    C’est pas pareil.
    C’est pas comme ça qu’on dit.
    Comment on dit déjà ?
    Je sais plus…
    J’aime pas ma voix quand je parle.
    Mais, au moins, il me touche pas.
    Je veux pas qu’il me fasse mal…

    Quand j’ai dit oui ou non pour tout, il dit plus rien.
    J’aime pas quand ses cheveux au-dessus des yeux vont vers le nez.
    Quand ils font ça, les gens sont pas content !
    Mais il parle encore doucement.
    Il crie pas.
    Il va pas vite.
    Du liquide… ?
    Je sens ma bouche qui se tord.

    - Vent’e, blanc. Liqu-, liquid’ blanc.

    J’arrive pas à bien parler.
    C’est… raide !
    C’est dur.
    J’aime pas.
    J’entends du bruit avec celui du feu.
    Je tourne la tête pour voir.
    Je comprends pas…
    Je sens que ça fait des papillons pas agréables dans mon ventre.
    Lui est calme.
    Il montre le truc sur le feu.
    Quand il me dit de faire, je prends le paquet de pâtes et je verse tout d’un coup dans l’eau.
    Je regarde mais j’arrive pas à voir dedans.
    Je gonfle les joues parce que ça m’énerve.

    Il part.
    Il va où ?

    Je sais plus.
    J’entends la musique.
    J’aime beaucoup.
    Je vais vers la table et pose une main dessus. Et quand je regarde autour, je vois plein de choses.
    Des livres.
    Des papiers.
    Comme dans la salle en haut.
    C’est pas rangé non plus et c’est comme si il n’y a plus de place.
    Je m’assois sur une chaise.
    Je regarde la boîte qui fait de la musique.
    Elle est jolie, mais j’arrive pas à trouver le mot pour le penser.
    Je ressens, c’est tout.

    Je reste comme ça longtemps.
    Je regarde juste la boîte, alors je sursaute quand j’entends un bruit qu’il n’y avait pas avant.
    Je lève vite la tête.
    Il est là.
    Une trousse sur la table.
    Il parle encore comme avant.
    Je prends du temps, j’ai du mal, mais je crois que je comprends…
    Il dit beaucoup “soigner”.
    Donc ça doit être pour mes mals.
    Il “veut aider”.
    Je le regarde.
    Même quand il ouvre la trousse.
    Je sais pas quoi faire.
    Quand il part je sais toujours pas…

    Je vais vers la trousse.
    Je regarde dedans.
    Je connais pas tout ça...
    Je sais pas quoi faire avec…
    C’est quoi “soigner” ?
    Comment on fait “soigner” ?
    Je regarde le monsieur.
    Il a rien fait de mal.
    Pas tapé.
    Pas crié.
    Pas touché.
    Je sais pas…
    Mais si il peut…
    Est-ce que je dois ?
    Mais si il fait comme les autres quand je dis “oui” ?

    Tout doucement, je vais vers lui.
    Je crois qu’il cherche encore dans les blocs.
    Je tends la main.
    Non !

    Mais il a dit qu’il peut…
    Je retends la main.
    Je prends entre deux doigts son haut noir.
    Je sais pas quoi dire.
    Et j’aime pas ma voix !
    Mais il voit pas, il a dit…
    Je sers mes dents.
    Ma mâchoire est dure…

    - Aid’, soinier…

    Je le regarde.
    Je sais pas s’il veut encore.
    Je sais pas dire que je sais pas faire “soigner”.
    Alors je tire un peu.
    Juste un tout petit peu.
    Je crois que je tremble.
    Et je sens encore les papillons dans le ventre, près de là où j’ai mal.
    Est-ce que c’est mal ?
    Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville



    Je réfléchis avec attention chaque information, tentant de visualiser dans ma tête pour me souvenir, ne rien oublier. Surtout que je ne comptes par sur le fait qu’il puisse ou veuille me répéter. Si je résume, son œil est particulier et… la blessure à son ventre m’inquiète complètement même si je ne montre rien, restant pensif. Dans tout les cas, il va falloir que je fasse venir un médecin pour qu’il l’examine correctement et vérifie qu’il n’y à pas autre chose que je ne pourrais « voir » dans l’état actuel des choses.
    Après avoir donner mes indications pour les pâtes, je vais chercher le nécessaire puis reviens aussi vite que je le peu, posant la trousse de soin sur la table avec précaution. Bien, je ne sais toujours pas comment le soigner et c’est bien là le problème… alors je lui laisse sur la table et vais chercher – et trouver j’espère – de quoi sortir les pâtes. Je ne penses pas qu’il pourra se soigner seul… je soupire très faiblement, me demandant toujours comment faire.

    Je suis pris entre mon interrogation et ma recherche, c’est pour cela que je sursaute quand je sens mon vêtement être légèrement tiré et si je stoppe mes recherches, je ne fais pas d’autres mouvements. Je sais par expérience que vouloir aller trop vite apporte pire que mieux et rien que le fait d’avoir sursauter pourrait avoir des conséquences non-voulu alors, c’est pour cela que je me tourne pas vers lui pour autant, écoutant attentivement ce qu’il veut me dire… ou du moins, j’espère qu’il me dira quelque chose.

    –  Aid’, soinier…

    Je hoche doucement la tête en me tournant vers lui avec lenteur.

    D’accord, je vais t’aider. Tu va t’asseoir sur la chaise en premier et il faudra que tu enlèves le vêtement que tu porte en haut.

    C’est toujours mieux que de dire un mot qui est faux puisque je ne le vois pas et donc qu’il risque de ne pas comprendre.
    Au moins, le feu est éteins sous les pâtes.

    Je vais vers l’évier, sortant de dessous de linges blanc donc l’un que je passe sous l’eau avant de bien l’essorer. Allant vers lui, je tends le linge mouillé dans sa direction, vers se que je pense être son torse… assez loin pour ne pas lui mettre dans le visage dans le cas où j’estimerais mal les distances et donc sa taille.

    En premier, tu va doucement nettoyer la blessure sur le ventre… tu n’a pas besoin de frotter fort, simplement d’enlever… toute la terre ? Si tu peux aussi enlever un peu de liquide blanc, ce sera bien aussi… mais sans te faire mal… si ça tire un peu c’est normal.

    Je laisse passé un peu de temps pour qu’il comprenne ma tirade avant de poser maladroitement le linge sec sur la table à côté de lui.

    Après tu séchera bien avec l'autre qui est sec.

    Le mieux aurait été de lui faire prendre une douche en premier mais le manque de confiance n’aidant pas – pour ne citer que cela – j’allais aller au plus simple en espérant que le médecin puisse passer dans la journée de demain si ce n’était pas ce soir.
    Je tendis le bras un moment dans le vide avant de toucher la trousse que je ramenais vers moi pour trouver ce que je cherchais à l’intérieur, tentant de tout reconnaître au touché donc examinant chaque chose avec soin.

    Je prenais donc une large gaz, mettant une bonne dose d’eau oxygénée dessus avant de lui tendre également.

    Tu va désinfecter la plaie sur ton ventre maintenant. Pour bien faire, il faut que tu commence par le centre pour finir par le côté de la blessure. Ça risque de piquer un peu mais c’est normal, encore une fois, tu n’a pas besoin de frotter.

    Quand je sentis qu’il prenait la gaz de ma main, je préparais ensuite de quoi faire le pansement : quelques gaz propres et du sparadrap. Je coupais déjà quelques morceau de sparadrap que je laissais collé à moitié sur le bord de la table pour les prendre plus facilement.

    Tu me dis quand tu as fini ? Bien… hum… Je vais tenter de t’aider au mieux mais pour cela, il va falloir que je te touche, d’accord ? Hum… – je pris la gaz dans mes mains, les rapprochant de lui – comme je ne vois pas, tu va guider mes mains pour que je puisse poser la gaz sur toute ta blessure. Quand je l’aurais fait, tu prendra les morceaux de sparadrap pour les poser à moitié sur le tissus et à moitié sur ta peau. C’est pour que le tissus tienne tout seul et que ta blessure soit protégé pour mieux soigner.

    Je tentais d’expliquer au plus simple et je ne pouvais qu’escompter qu’il comprenne. C’était le mieux que je pouvais faire pour le moment.
    Ensuite, il faudrait qu’il nettoie toute les autres blessures… et au maximum qu'il se nettoie lui pour être plus à l’aise et sûrement changer de vêtements. Je n’aurais rien à sa taille mais au moins, il serait certainement plus au chaud et correct avec des vêtements propres. On verrait le reste plus tard.

    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946
    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    J’ai attrapé son vêtement et je lui ai parlé pour lui demander de l’aide. Mais je n’arrive pas à savoir si c’était une bonne chose à faire. Je ne peux m’empêcher de trembler depuis que je l’ai senti sursauter. Va-t-il s’énerver parce que je lui ai fait peur ? Aurais-je dû me débrouiller tout seul ? Il ne bouge pas, maintenant, mais je sais que ça ne veut rien dire. Combien de fois me suis-je fait avoir par des personnes qui prétendaient me vouloir du bien avant de me chasser à grands coups de bâton ? Je crains vraiment ce qu’il va me dire et faire. Je ne le connais pas et même s’il a fait attention en parlant jusqu'à maintenant et qu’il ne m’a pas touché, je sais que ça peut changer soudainement. Si seulement je savais comment m’en aller d’ici… La porte par laquelle on m’a fait entrer de force est fermée et je ne sais pas si j’arriverais à l’ouvrir… Ça me fait peur tout ça. Je me demande si lui ne voit vraiment pas du tout, comme il me l’a dit. Je veux dire… ouais, il ne regarde pas toujours vers moi, il cherche toujours à tâtons et il me demande de l’aide. Mais est-ce que c’est vraiment vrai ou il fait semblant ? Je ne sais pas, mais je veux croire un peu que c’est vrai. Ça fait longtemps qu’on ne m’a pas parlé et qu’on ne m’a pas donné à manger. Ça fait aussi très longtemps que je ne suis pas allé dans… comment ça s’appelle déjà ? Cet endroit où on vit et où on ne ressent ni le froid, ni le vent, ni la pluie, ni rien que je n’arrivais jamais à fuir quand j’étais encore tout seul. Je ne me rappelle plus du nom comme pour beaucoup des choses que je voyais pourtant tout le temps avant. D’ailleurs, je me rends compte qu’il ne m’a pas crié dessus quand je ne savais pas lui dire où j’avais mal. Peut-être qu’il est gentil ? Peut-être que ça existe encore, quelqu’un de gentil…

    Je viens de voir qu’il a bougé la tête. De haut en bas. Oui. Il a dit oui sans parler. Je l’ai reconnu. Alors, je le lâche quand il se tourne vers moi. Je le regarde, le surveille, pour guetter ses mouvements qui pourraient me faire mal. Il n’en a pas, mais je n’arrive pas encore à baisser ma garde. Il est peut-être comme les grands chiens qui me regardaient avant de me courir après. Et maintenant il me dit des choses. Je guette les mots et j’essaie de les comprendre. Doucement. Lentement. Mais je fais beaucoup d’efforts pour réussir. Si je comprends bien, il dit comme avec sa tête, qu’il va m’aider à me soigner. Je le comprends parce qu’il dit le mot “aider” et il n’y a pas de “non” avant ou après. En plus, comme il a dit “oui” de la tête, je pense qu’il n’a pas changé d’avis. Après, il me dit autre chose. La phrase est plus longue et plus compliquée. Je plisse un peu les yeux en le regardant alors que j’essaie de capter et de retenir tous les mots. Au début, c’est un peu facile et je pense pouvoir le faire sans avoir du mal. M’asseoir, c’est comme quand je l’attendais en écoutant la musique de la boîte. Mais après, il me parle de… “vêtement” et de “haut” ? Je prends le col de ce que je porte et je le tire pour le lui montrer. Je veux savoir si j’ai bien compris. Mais il ne me répond pas. Il va plus loin sans rien dire en plus. C’est dur de le comprendre avec les mots. Parfois c’est facile parce que je comprends comme si j’avais toujours compris, mais à d’autres moments c’est beaucoup plus dur. Je fais la moue en allant sur la chaise. Je cale mes deux pieds sur le bois de la chaise et je regarde ce que je porte. C’est sale et celui en haut cache mon ventre. Est-ce que c’est ça ? Je n’en suis vraiment pas sûr… En plus, je ne veux pas l’enlever. Je n’ai pas très chaud et j’ai peur que si je l’enlève j’ai encore plus froid. Je n’aime pas avoir froid. Après je tremble beaucoup et je ne sais pas faire les choses comme je veux. Alors, je réfléchis. J’entends le bruit de l’eau. C' est bizarre… Ce n’est pas comme dans la forêt, quand je vois de l’eau qui coule. Ce n’est pas grave. Je ne dois pas fâcher le monsieur. Alors comment faire ? Finalement, je prends le bas de mon tee-shirt et je le passe dans le col pour qu’il ne gêne pas sans que j’enlève tout. Comme il est très grand, je dois enrouler plusieurs fois, mais je trouve que c’est bien comme ça.

    Quand j’entends des pas, je regarde ce que c’est en tournant la tête. Le monsieur vient vers moi en tenant dans les mains deux tissus. Ils sont blancs, mais je crois qu’il y en a un qui n’est pas pareil. Je n’arrive pas trop à comprendre pourquoi juste en regardant. Doucement, je passe ma main gauche sur mon œil qui me dérange. Je n’arrive pas à dire ce qu’il fait. Ça fait mal, mais pas que. C’est autre chose que je n’arrive pas à dire. J’arrête pour mieux écouter le monsieur qui parle encore en tenant près de moi un des tissus. Je fronce les sourcils en regardant le tissu et en écoutant ce qu’il me dit. Encore une fois, je ne suis pas sûr de comprendre comme il faut ce qu’il me dit. C’est quoi “nettoyer” ? Mais j’ai compris qu’il parle de ce qui me fait très mal sur mon ventre. “Blessure”. C’est comme ça qu’il appelle ça je crois. Doucement, je tends la main pour toucher le tissu qu’il a dans la sienne. C’est mouillé. Alors, est-ce que “nettoyer” veut dire “laver” ou “rincer” ? Je peux faire, je crois. Je comprends mieux quand il dit qu’il ne faut pas frotter mais que je dois enlever la terre. Il n’est pas sûr, et moi non plus. Mais si je ne dis pas de bêtise, il faut enlever le noir sans faire mal. Il dit encore un truc après : il faut sécher avec l’autre après. Je prends le tissu et je m’applique à faire ce qu’il m’a dit. Mais pourquoi “tirer” c’est normal ? Je n’ose pas demander parce que je n’aime pas ma voix, je n’arrive pas à dire les mots comme il faut et je ne sais pas comment faire pour que lui comprenne ce que je veux lui dire. J’aime pas ça…

    Après que j’ai fini d’enlever le noir, je sèche comme il a dit. J’ai compris parce que je me souviens qu’on me disait ça après que je me sois lavé à la maison. C’est loin… Tellement loin, je crois, que je ne me souviens pas de tout. Et, quand j’ai tout fini, je pose les deux tissus sur la table pour regarder le monsieur. Je crois qu’il cherche quelque chose dans le sac qu’il a ramené tout à l’heure. Je le regarde faire. Il me semble que je sens une odeur très forte, mais je ne suis pas certain de ce que c’est. L’odeur est plus forte quand il met un produit que je crois transparent sur un autre tissu. Il n’est pas pareil que le premier, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Tout est trop bizarre… Alors, quand il me tend le truc bizarre, je ne le prends pas tout de suite. Je regarde le monsieur en me posant plein de questions. C’est quoi ? A quoi ça sert ? Comment dois-je faire ? Est-ce que ça fait mal ? Et parce qu’il commence à parler alors que je me demande tout ça, je crois un peu qu’il lit dans mes pensées. Pourtant, il ne m’explique pas ce qu’est “désinfecter”. Je ne comprends pas ce que c’est. Tout ce que je sais avec ce qu’il dit c’est que c’est encore pour mon ventre. Aussi, il m’explique comment je dois faire et il me dit que ça va “piquer”. Qu’est-ce que c’est que ça ? Il ne faut pas frotter non plus. Je regarde encore le tissu bizarre et quand je le prends je ne me sens pas trop bien. J’ai peur que ça me fasse mal ou que ça ne soit pas bien même si le monsieur ne fait rien de mal depuis que je suis là. Puis, quand je regarde mon ventre, ma “blessure”, je me demande un peu comment faire avant d’essayer. Je me tends très vite quand le tissu est sur ma blessure et je l’enlève. C’est ça, piquer ? Je grimace… Ca fait un peu comme mon œil. Il dit que c’est normal, mais je n’aime pas ça. Dois-je quand même le faire ? Quand je regarde le monsieur, il est en train de faire autre chose. Je n’aime pas ça…. J’ai peur. Je n’aime pas quand ça pique. Mais j’essaye encore un peu. Une fois… Deux fois… Mais je n’arrive pas à faire plus et je l’ai retiré tout de suite après avoir senti que ça pique. J’ai des larmes dans les yeux. Je pose alors le tissu bizarre et j’attends. J’ai envie de baisser le tissu sur mon ventre. Je veux le cacher pour que ça ne fasse plus ça. Je n’aurais pas dû le faire ! J’entends le géant me demander de lui dire quand j’ai fini. Je me frotte les yeux pour enlever les larmes et parce que mon œil pique et fait autre chose que je n’arrive pas à définir. Puis, je lui dis avec une voix qui tremble comme mes mains et toute petite :

    - Fini…

    Il se tourne encore vers moi et il tient un nouveau tissu bizarre dans ses mains. Il dit encore qu’il va aider, mais je ne comprends pas pourquoi il dit ça. Il ne l’a pas fait juste avant ? Je ne veux pas qu’il me touche… Je ne veux pas qu’il me fasse mal. Alors, je le regarde longtemps en essayant de comprendre ce qu’il veut faire. Le tissu va encore piquer, j’en suis sûr. Il m’a dit que c’est normal, mais je n’aime pas ça du tout. Je me recule sur la chaise quand il approche le tissu de moi. Puis il parle encore. Moi aussi je dois aider. Je dois faire qu’il mette le tissu sur ma blessure, si je comprends bien. “Protéger” est un mot qui retient beaucoup mon attention parce qu’il l’a dit avec le mot “soigner”. Alors je n’aurais pas mal cette fois ? Je réfléchis encore un peu avant de prendre les poignets du monsieur entre mes doigts. Je ne le tiens pas fort et je suis prêt à le lâcher à tout instant. Je l’approche de mon ventre que je rentre sans trop savoir comment ou pourquoi. Après, j’essaie de me rappeler ce qu’il m’a dit. Coller le sparadrap…. Qu’est-ce que c’est ? Les bandes sur la table ? Je n’en suis pas sûr, jusqu’à ce que j’en prenne une. Comme ça colle, je pense que c’est ça. Alors, je prends et j’essaie de mettre comme il m’a expliqué, sur le tissu et sur ma peau. Je crois que ça tient, maintenant.

    - Oeil, piquer, no’mal ?

    Maintenant que c’est bon pour mon ventre, et que ça ne pique pas comme j’avais peur, je veux poser la question que je me pose depuis que j’ai compris ce qu’est la sensation de piqûre. Elle n’est pas totalement similaire à celle du ventre, mais c’est assez ressemblant pour que je pense que c’est la même chose.

    - Piquer et… aut’e chose…

    J’espère qu’il ne va pas me mettre quelque chose dans l'œil… Je ne veux pas ! S’il veut le faire, je pars. Je ne veux pas !
    Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville



    C’est compliqué… cela ne fait pourtant pas si longtemps que j’ai soigné quelqu’un mais cela me paraît tellement loin depuis que celui qui m’a tout apprit est… ma pensée s’envole et je tente de reprendre pied en serrant doucement le morceau de gaz que j’ai dans les mains.
    Le soucis ici n’est pas spécialement de soigner un blesser mais de le faire sans le voir alors que lui-même ne semble pas… comment dire… il ne semble pas comment faire mais plus important, c’est un enfant qui ne semble pas bien comprendre mes mots, en prononçant très peu lui-même.

    Je sens des doigts sur mes poignets et je garde un soupir de soulagement. Il n’a pas prit la fuite et il a comprit ce que je tentais de faire, que je tentais de le soigner sans le faire de mal. Très doucement, je maintenais la gaz sur sa blessure, espérant que tout irait bien jusqu’à ce que le médecin arrive. Je ne pouvais malheureusement pas faire plus que cela.
    Je suis attentif aux bruits et aux mouvements, retirant précautionneusement mes doigts quand je ne le sens plus s’agiter. Je ne peux supposer qu’il a fini mais comme il ne dit rien…

    Oeil, piquer, no’mal ?

    Je le « regardais » un instant, réfléchissant à ma réponse. Non, ce n’était pas normal alors cela était plutôt simple mais comment faire ? Je n’étais pas ophtalmologue… Et je ne pouvais même pas évaluer les dégâts. Pouvais-je y faire quelque chose au moins ? Pourquoi n’avaient-ils pas fait venir directement un médecin et regardé ses blessure au lieu de l’envoyer chez moi ?

    Piquer et… aut’e chose…
    Il faudrait le nettoyer… passer de l’eau dessus… hum… Comme pour ton ventre ? Mettre de l’eau sur son visage ?

    Je doutais pouvoir soigner son œil mais peut-être qu’en rinçant un peu, ça atténuera la chose ?
    J’allais maladroitement vers l’évier où j’allumais l’eau pour lui montrer avant de me remettre à la recherche de la passoire que je semblait trouver dans une illumination subite dans le tiroir du bas.
    Ah, il me faudrait l’évier pour les verser dedans… On frappa à la porte et je soupirais tout en reposant mon trophée sur le plan de travail.

    Je m’en occupe, ne t’inquiètes pas… éteint l’eau quand tu fini… hum… il faut tourné le robinet, comme j’ai fait pour allumer.

    Je tâtonnais jusqu’à la porte d’entrée, appuyant sur la poignet pour ouvrir quand on me mis d’office un plat chaud contre moi que je récupérais de justesse de ma main libre. Bon au moins, cela réglait le carnage des pâtes…

    Tiens mon chéri, j’en ai fait plus pour que vous en ayez pour deux et je t’en ramènerais ce soir. Tu t’en sors ?
    On peut dire ça… il nous faudrait un médecin…
    Nous l’avons appelé, il passera ce soir assez tard.
    D’accord… soupirais-je.
    Appelle moi si tu as besoin d’aide !
    Je n’y manquerais pas…

    Je refermais la porte, à clef cette fois, avant de retourner dans la cuisine, faisant le tour de la table, une main sur le bords de celle-ci, pour poser le plat en plein milieu. Les assiettes ? Oh et puis, j’abandonnais là. Cette histoire m’avait déjà pris toute mon énergie.

    Tu as fini ? Demandais-je à l’enfant avec douceur. On nous as apporter de quoi manger, tu peux t’installer sur la chaise…

    J’enlevais le papier de sur le plat pour l’avancer vers lui avant de m’installer sur la chaise en face de lui de l’autre côté de la table, repliant vite les pieds sur le bord de la chaise d’un air pensif. Que ce soir donc ? J’espérais sincèrement qu’il ne se passe pas un problème avant…

    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946
    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    Je me demande ce qu’est cette autre chose que je ressens dans mon œil. C’est bizarre. je ne comprends pas. Ça ne me fait pas mal comme le trou qu’on a couvert sur mon ventre. Et ça pique aussi, mais ça je l’ai dit au monsieur. J’aimerais lui dire ce que c’est quand il me regarde, mais je n’ai pas les mots pour le faire. J’ai un peu peur qu’il s’énerve et j’espère un peu qu’il me dise les mots comme tout à l’heure avec les membres qu’il me montrait. Mais il ne le fait pas. Il dit qu’il faut de l’eau pour nettoyer. Je ne comprends pas trop parce que je ne sais pas comment faire. De l’eau… sur le visage. Si je mets de l’eau sur le visage, ça enlèvera le mal sur mon œil ? Je n’ose pas trop poser la question.

    Je suis le monsieur du regard quand il se lève. Il va où ? Pourquoi vers les cubes ? Parce que je ne suis pas sûr, je me lève de ma chaise pour le suivre. Je reste un peu derrière lui et, quand il est vers une sorte de bac, je me mets à côté pour regarder ce qu’il fait. Tous ses gestes. Je suis impressionné quand je vois l’eau couler comme quand c’est dans une rivière. Au point que je fais un petit “ooh~” tout doux. Le monsieur se passe l’eau sur le visage comme moi quand j’étais dehors. Donc j’avais raison, je crois. Mais pourquoi le visage ? Je le saurais peut-être en le faisant. C’est ce que je pense en m’approchant du bac. Le monsieur fait des trucs, mais je ne regarde pas parce que je touche l’eau qui coule fort. Plus fort que dans la forêt. C’est trop drôle. Je joue un peu pour essayer de comprendre un peu comment ça marche. Jusqu’à ce que j’entende des bruits comme si on tapait sur du bois très dur. Je tourne la tête dans la direction du bruit. Ca vient de là par où je suis entré avant. Quelqu’un ne sait pas entrer comme moi je ne sais pas comment sortir ? Je regarde jusqu’à ce que le monsieur me dise qu’il va voir. Puis, il sort.

    Je suis tout seul dans la pièce et je n’aime pas ça du tout. Je fais alors vite comme le monsieur m’a montré. Je ne suis pas sûr que ça change pour mon oeil… Je le frotte en espérant que ça fasse partir la sensation. C’est pire… Alors, j’arrête en gardant mon œil fermé et je tourne le robinet comme le monsieur m’a dit. Ouvrir mon œil est difficile maintenant… comme à chaque fois que je frotte. Je n’aurais pas dû… Et quand j’y arrive à nouveau, j’entends un claquement. Je veux aller voir, alors je vais vers l’entrée. Le monsieur revient avant que je puisse aller au bout. Il tient un truc dans une main. Mmh… Ça sent bon, je crois. Je vais vers la table pour voir. Je fais alors juste un bruit de voix pour répondre au monsieur qui me pose une question. Je veux savoir ce qu'il a posé sur la table. Je le regarde, mais je n’arrive pas à le reconnaître. Il me dit que ça se mange. Je tends alors la main pour en prendre, mais il y a un truc qui ne se voit pas bien dessus. Je fronce les sourcils et ramène ma main sur le bord de la table sur laquelle je m’appuie. Qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ? Je vois que le monsieur l’enlève, alors je comprends que ça ne se mange pas.

    Je suis content quand le monsieur me donne le manger. Je me mets alors à genoux sur la chaise et je prends ce qu’il y a dans le truc transparent avec mes doigts. C’est bon et chaud… Je mange vite parce que j’ai très, très faim. Mais je regarde le monsieur qui est en face de moi. Pourquoi il ne mange pas ? Je finis ce que j’ai dans ma main et je demande :

    - M’sieur, pas…euh… pas manger ?

    J’aimerais lui demander s’il a faim. Je regarde aussi derrière moi. On a fait cuire des pâtes avant, mais ce ne sont pas des pâtes que je mange. C’est bizarre… Ce qu’il y a dans le truc transparent, c’est vert, pas blanc. Et aussi rouge et jaune. Toutes les couleurs. C’est coupé en petits morceaux. Comment est-ce que ça s’appelle ? … Pas grave ! Le monsieur doit manger aussi ! Mais j’en veux encore… Je ne veux pas laisser ça parce que je ne sais pas si j’en aurais demain. Le monsieur en aura-t-il demain ? Et aujourd’hui ? Il a mangé aussi ?

    En faisant attention de ne pas tomber, je me lève. Puis, je prends une poignée de nourriture avant de contourner la table. A côté du monsieur, je lui prends doucement le poignet et tourne sa main  pour que sa paume soit en direction du ciel. Quand c’est fait, je lui donne ce que j’ai pris en annonçant aussi clairement que possible :

    - Manger.

    Puis, sans attendre, je retourne sur ma chaise pour recommencer à manger ce qu’il m’a donné. J’ai partagé. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûr que c’est bien !
    Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville



    J’échoue plus que je ne me pose sur la chaise, bien que j’ai fais bien attention d’être au-dessus avant de le faire pour ne pas me retrouver par terre. Cela m’était déjà arrivé plusieurs fois et si ça pouvait être amusant pour les autres, ça ne l’était absolument pas pour moi. Surtout à cet instant.
    Je devais attendre un médecin parce que mes capacités physique de me permettait pas d’utiliser pleinement mes compétences et j’étais enfermé avec un chaton sauvage, probablement affamé et blessé… je soupirais faiblement en ayant qu’une seule hâte : que la journée se termine. Et vite.
    Elle venait de commencer ? Et merde…

    M’sieur, pas…euh… pas manger ?

    Je me redresse un peu, les yeux perdu dans le vague. « Pas manger »… comment dire… ? J’étais fatigué ? Je n’avais pas spécialement faim ? Ah… c’était peut-être la première fois depuis longtemps à quel point je ne faisais plus rien de mes journées, comme si le temps s’était arrêté depuis… la mort de mon mentor. Je fermais les yeux.
    Ce serait peut-être une occasion de se reprendre… quoique, ce n’était pas comme s’il resterait ici… et s’il avait nulle part où aller ? Il semblait être un enfant, une famille serait bien plus adapté que moi pour… tout ce qui était de s’occuper d’un enfant. D’une enfant ? Ah… je n’étais même pas sûr de ça…

    Je sens que l’on me prends le poignet et sursaute un peu, même si ça ne sert plus à rien depuis un moment, j’ouvre les yeux comme si ça m’aiderais à comprendre puis sent quelque chose de chaud et collant être mis dans ma main, le tout accompagner d’une odeur de sauce tomate.
    Euh… ?

     Manger.

    D’accord… je ne m’y attendais pas, absolument pas. Il ne voulait pas que je le touche jusqu’à présent mais pour mettre de la nourriture dans la main ça allait ? Quoique… je devais peut-être m’estimer heureux que ce soit de la nourriture et pas autre chose. Attends, dans ma main mais… il mangeais là ? Donc avec les doigts ? Je n’avais rien sorti mais…
    D’accord, d’accord… ce n’était pas grave, on allait faire avec hein ? Oui, faisons comme ça… tout à fait…

    Hum… Merci…

    Attends faire en sorte que la suite ne se passe pas mal…
    C’est avec un peu de maladresse que je mangeais ce qui avait été mis dans ma main. Bon… je devais avouer que ma voisine cuisinait toujours très bien et que c’était largement mieux que les espèce de pâte que je m’étais débrouiller à faire et qui ne devait pas franchement être comestible avec le temps passé dans l’eau…

    Tu… t’appelle comment ?

    Histoire de ne pas l’appeler « gamin » ou « gamine » et de faire un tant soit peu concerné lorsque le médecin arriverait. Pas que je ne m’en souciais pas mais je n’en revenais toujours pas que l’on m’ai mis un chaton blessé entre les pattes alors que je ne savais déjà pas m’occuper de moi.
    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946
    Dominique Moreau

    Je suis âgé(e) de : 19 et je suis : Sans emploi. J'habite à : Aillianville


    Assis sur la chaise, à genoux juste comme avant, je souris un peu. Je suis content que le monsieur me dise “merci”. Je crois que je me souviens de ce mot et je l’aime bien. J’ai l’impression qu’il veut dire que j’ai fait quelque chose de bien. Alors, je recommence à manger vite ma nourriture parce que j’ai vraiment faim. Et ça fait très, très, très longtemps que je n’ai pas mangé quelque chose de bon comme ça. En plus ça fond sous la langue, ça ne fait pas mal quand je croque dedans et c’est chaud. Je voudrais vraiment tout manger !

    Je le regarde encore parfois, alors je vois qu’il mange comme je lui ai dit. Il est gentil comme monsieur, lui. Il ne me tient pas. Il ne me crie pas dessus. Il ne me tape pas. Il ne me lance pas de trucs. Il m’aide à ne pas avoir mal. Et il me donne à manger aussi. Un truc bon en plus. Mais il me pose beaucoup de questions difficiles. Maintenant, il me demande mon nom. Comment c’est déjà ? Je réfléchis beaucoup pour me rappeler. Et quand je me souviens, c’est doucement, en buttant sur les syllabes, que je lui dis comme je crois que je m’appelle, hachant les syllabes pour le dernier essaie pour bien le dire :

    - Do… Domin-... Dominique…

    J’hésite un peu avant d’ajouter doucement :

    - Pas sûr… ?

    Mais ce n’est pas grave, n’est-ce pas ? Au fond, ce n’est pas quelque chose qui me dérange parce que ça fait très longtemps que personne ne me parle vraiment et ne m’appelle. Il est le premier à le faire en fait. Mais après ? Je suis sûr qu’il va me faire partir après. Je ne pense pas que je peux rester. Et je ne veux pas qu’il y ait des méchants qui viennent lui faire du mal à cause de moi aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a moins de méchants qui parlent bizarrement qu’avant, mais je fais encore très attention parce que je ne veux pas avoir d’autres bobos.

    Quand j’ai fini de manger, je lèche mes mains pour qu’il n’y ait plus de rouge dessus. Après, en passant loin du monsieur, je vais les passer sous l’eau comme il m’a montré avant. Je passe aussi de l’eau sur ma bouche et je vais dans un coin pour regarder ce qu’il fait. Je ne sais pas quoi faire maintenant. Je ne peux pas partir parce que c’est fermé et que je ne sais pas ouvrir. Je peux me cacher, mais peut-être qu’il me trouvera vite et qu’il va être en colère si je fais. Alors je le regarde beaucoup pour savoir ce qu’il va faire. Pour rester aussi loin de lui parce que je ne sais pas ce qu’il veut. Je ne sais pas comment poser mes questions ou si j’ai le droit de le faire, en plus.
    Novembre 1946
    Entre ourson et chaton
    Jasper L. Espérance

    Je suis âgé(e) de : 100 et je suis : un ancien militaire à : Allianville J'habite à : 12 route d'Orquevaux 52700 Aillianville



    Dominique… donc une fille. Bien, j’avançais un peu au moins.

    Bonjour Dominique. Moi, je m’appelle Jasper.

    Il n’est jamais trop tard pour les présentation n’est-ce pas ? J’espérais que ça pourrait au moins l’empêcher d’aller se cacher dans un recoin de la maison ou de tenter de s’enfuir par une fenêtre parce que ce serait vraiment pas super.
    Je soupir tout en continuant maladroitement de manger ce que j’ai dans la main, ce n’est vraiment pas une chose pratique ça. Une fois fini, je me lève doucement pour aller me laver les mains et la bouche pour éviter d’avoir l’air d’un clown et utilise le torchon pour les sécher avant de retourner à ma place, silencieux.

    Bon, maintenant, il restais qu’à patienter jusqu’au médecin… je ne savais même pas l’heure qu’l était. Je soupirais une nouvelle fois. On allait pas rester là planter comme deux abrutis quand même ?
    J’entends l’eau coulé, sûrement signe qu’il a terminé de manger ce qui est une bonne chose vu son état de maigreur de ce que j’ai pu constater.

    Il y a des lits à l’étage, tu veux te reposer ?

    Je parle toujours avec calme et douceur, espérant de pas l’effrayer alors que je me lève, une main sur le bord de la table pour la contourner sans me prendre un coin avant de me retrouver à la porte de la cuisine.

    Par contre, je ne e suis pas occuper de la maison alors je ne sais pas trop dans quel état c’est… mais il y a ma chambre si tu veux.

    Quoique celle de Joseph devrait être en bon état aussi… simplement poussiéreuse puisque je n’avais jamais osé y aller depuis…
    Je vais vers la première marche de l’escalier, une main tenant la rambarde avant de tendre l’autre dans le vide pour l’inviter à me la prendre. C’était plutôt gênant, comme il était plutôt silencieux je ne pouvais jamais savoir où il se trouver précisément. S’il restait longtemps, j’allais finir par lui mettre une paire de clochettes, comme pour les chats.
    Entre ourson et chaton
    Novembre 1946

      Sujets similaires

      -

      La date/heure actuelle est Lun 20 Mai - 9:20